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Les Sorcières, des femmes (presque) comme les autres« Sorcière », un terme ancestral de stigmatisation
Cette appellation, qui n’est qu’une déformation du mot « Sourcière », apparaît pour la première fois en 589. Elle était utilisée par les citadins, majoritairement pratiquants judéo-chrétiens, pour désigner de manière condescendante les paysans qu’ils considéraient incultes et dénués de toute éducation religieuse. Du côté des campagnes, le paganisme était très ancré dans les familles rurales. Ayant rarement accès aux soins « modernes », les paysans concoctaient eux-mêmes des breuvages à base de plantes et d’extraits d’animaux, sensés avoir des propriétés guérisseuses. Ces pratiques transmises de génération en génération, ont toujours été bannies par les religieux. Considérées au départ comme des superstitions, puis agrémentées progressivement par toutes sortes de fantasmes plus ou moins absurdes, ces principes de soins naturels ont été jugés comme démoniaques et blasphématoires. La solution parfaite pour transmettre aux plus jeunes la haine et la peur des sorcières fût de les mettre en scène dans les contes pour enfants et de les décrire les plus laides et cruelles que possible. Et cela a fonctionné ! Les enfants en sont encore effrayés et les adultes pensent qu'elles n'existent pas. La Sorcière et ses accessoires symboliques Leur diabolisation ne s’est pas arrêtée aux contes pour enfants et les accessoires que les citadins ont attribués aux sorcières sont très révélateurs de leur aversion contre elles. Tout d’abord le balai, qui est, une fois encore, un objet de paysans païens. Il fait référence au balai dont se servait Thor, le Dieu du tonnerre et de la protection des récoltes contre les orages. D'ailleurs les paysans avaient pour habitude d’accrocher un balai à leur maison afin de la protéger contre les effets dévastateurs de la foudre. L’extrémité du balai de sorcière était généralement sculptée d’une tête de cheval, en référence à Sleipnir. Selon la mythologie nordique, Slepnir est un cheval à huit jambes capable de se déplacer dans les airs, entre le monde des vivants et le monde des Dieux et des morts. Sleipnir est le Cheval d’Odin. Odin, roi des Dieux Nordiques et père de Thor, rejoignait le conseil des Dieux, porté par Sleipnir. Plutôt flatteur, pensez-vous, de comparer la sorcière à Odin ? Pas si sûr… Odin est borgne. Selon la légende, Odin aurait donné son œil à son oncle, Mìmir, Dieu de la sagesse. En échange, Mìmir accorda à son neveu de s’abreuver de la source de la sagesse, dont il était le gardien. Voila ce qui explique cette comparaison avec l'image de la sorcière qui aurait, quant à elle, donné son âme au Diable en échange de ses connaissances des sciences occultes. Selon mon hypothèse (cela n'engage que moi), Sleipnir apparaîtrait dans le tableau « Le Cauchemar » peint en 1781 par Johann-Heinrich Füssli, qui met en scène une femme endormie, ou plutôt en paralysie du sommeil, dont la poitrine est écrasée par un incube après l'avoir violée. Dans le but de bafouer encore davantage l’image de la sorcière, le balai était représenté entre ses jambes, ce qui lui donnait une symbolique sexuelle sans qu'elle soit détectable par les petits enfants. Cette représentation réservait à la sorcière la réputation de débauchée exerçant des pratiques sexuelles vicieuses et libertines, une manière pour les Chrétiens de la bannir définitivement. Ils faisaient alors courir la rumeur que les sorcières se rendaient, à califourchon sur leur balai, à des orgies, alimentaires et sexuelles, appelées « Esbats » (signifiant regroupements nocturnes). Pour faire d’une pierre deux coups, la phonétique du mot « Esbats » semait volontairement la confusion avec le Shabbat des Juifs, qui, à l’époque, étaient, tout autant que les sorcières, méprisés par les Chrétiens. Un amalgame bien utile pour se donner le droit de dénigrer toutes les fêtes et les pratiques n’appartenant pas au christianisme. Critiquées, méprisées mais en même temps extrêmement redoutées, les sorcières étaient représentées couronnées d’un chapeau pointu, symbole de savoir et de pouvoir tout en véhiculant l'idée que ces vertus leur était attribuées grâce à un pacte avec le Diable. Les Chrétiens comparaient volontiers ce chapeau pointu, ce cône de pouvoir, aux cornes du diable. Ils caricaturaient également les Juifs avec ce même chapeau, persuadés qu’ils organisaient des messes noires pendant leurs shabbats dans le but d’imiter les messes catholiques avec des intentions de sacrilège. Afin de continuer de pouvoir se soigner et de soigner les autres, les sorcières ont été contraintes de rester discrètes. L''expression de sciences occultes (cachées) était née. Encore aujourd’hui, les sciences occultes effraient ceux qui ne connaissent pas sa véritable étymologie et le confondent avec des pratiques liées au satanisme. Cette haine des sorcières s’est peu à peu accentuée et propagée, puis est devenue obsessionnelle jusqu’à la terrible période de l’inquisition durant laquelle on estime que 50 000 personnes accusées de sorcelleries ont été brûlées vives. La Sorcière, une femme entre deux mondes La sorcière fait encore peur, alors qu’elle est en fait bien loin de l’image de la femme laide et satanique. Dans la mythologie nordique, l’ancêtre de tous les sorciers s’appelle Vilmeid, qui signifie : « connaissance de l’arbre ». Une sorcière est une femme tournée vers la nature, ayant la connaissance des cycles lunaires et des lois de l’univers. Elle est consciente du parallèle des mondes visible et invisible et ses actions peuvent avoir des répercussions sur ces deux mondes. Dotée de capacités psychiques développées, elle perçoit les énergies des âmes qu’elle rencontre, que ce soit celles des incarnés (vivants) que celles des désincarnés (morts), qu’elle guide vers des pensées plus sages et plus en adéquation avec l’univers. Elle est une merveilleuse éveilleuse de conscience, qui explique avec patience et douceur aux Hommes l’importance de leurs vibrations, de leurs pensées et de leurs actes. Elle les éclaire de ses connaissances, les guide, les soigne, les apaise. Dans le monde moderne, on les appelle les énergéticiennes, les magnétiseuses, les médiums, les voyantes, les herboristes, etc. Mais les sorcières sont avant tout des femmes, avec leurs qualités et leurs défauts, à l image de tout être humain. Certaines, moins bienveillantes que les autres, exercent, à la demande de leurs consultants, des envoûtements et toutes pratiques pour punir, provoquer la maladie, du malheur, de la détresse. Elles sont faciles à reconnaître, il suffit de les observer, de les écouter, d'étudier les services qu'elles proposent. Leurs discours et leurs activités ont une consonance négative, imprégnés de sentiments de paranoïa, de peur, de vengeance et de haine. Elles manquent de cohérence et affirment souvent que le monde est sous influences négatives. L'univers, un équilibre parfait Non, nous ne vivons pas dans un monde négatif. Le bien et le mal, le sombre et la lumière, le Yin et le Yang ont un équilibre parfait dans l’univers. N'ayons plus peur des sorcières Nous avons bien grandi aujourd'hui et il est temps de casser l'image ancestrale des sorcières. Elles peuvent rester dans les contes, mais nous pouvons aussi briser la caricature que nous nous en sommes toujours faite. Une sorcière du monde actuel est, ni plus ni moins, une femme réceptive aux énergies et capable de changer leur polarité. Empathique, elle ressent les émotions et les maux des autres pour pouvoir mieux les traiter. Elle manipule avec aisance les énergies environnantes et intérieures, dans le but d'apporter un mieux-être à ceux qui en ont besoin. Elle dispose de plusieurs supports, divinatoires et/ou thérapeutiques (oracles, tarots, boule de cristal, pierres, herbes, huiles, etc.), dans le but de guider, d’éclairer et de soulager les âmes qu’elle rencontre sur sa route. Alors, n'ayons plus peur d'elle et si, vous êtes, vous aussi, une sorcière, soyez fière de vous ! Il va sans dire qu’une sorcière peut être également un homme, même si, apparemment, ils sont moins nombreux que les femmes dans ce domaine. Après tout, le sexe importe peu, tout comme l'apparence physique. Ce qui compte, c’est ce que la personne dégage, son aura, son énergie, ses vibrations. Pour toute leur gentillesse, leur bienveillance et leurs qualités, saluons ici, pour finir cet article, aussi tous les hommes sorciers !
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